LA CARAMBOLE
La publication de mon prochain roman LA CARAMBOLE approche.
Vous y retrouverez le nouveau détective Victor Chaufilar et son ami Douglas Piedevant devenu chef de groupe à la 2e DPJ.
En voici un premier extrait :
" ... Nouri s’arrêta devant la porte en fer forgé de l’immeuble haussmannien. Il balaya du regard les plaques professionnelles en laiton jusqu’à la plus sobre parmi celles des avocat, comptable, sophrologue et autres adeptes de thérapies alternatives. Victor Chaufilar, 2e droite. Rien de plus. Ce Chaufilar, peu enclin à dévoiler son métier, lui avait été chaudement recommandé par un ami en poste au ministère de l’Intérieur.
Sur le palier du second étage, le parquet brillait et sentait fort l’encaustique. Il sonna pour annoncer sa présence et poussa la porte qui s’ouvrit sur une minuscule salle d’attente meublée de deux chaises dépareillées. Sur un mur, une affiche de cinéma monochrome plantait le décor. Maigret tend un piège. Il en comprit immédiatement l’intérêt quand le détective apparut. Le commissaire à la pipe offrait à ce Chaufilar, chaussé de bottines cloutées, vêtu d’un Perfecto élimé, à la barbe de trois jours, la respectabilité et la carrure du job de privé.
— Je vous en prie, entrez.
Victor Chaufilar s’effaça de l’encoignure de la porte de son bureau pour le laisser passer.
— Prenez un siège, proposa-t-il en désignant du bras un fauteuil aux pieds arqués dont il ne connaissait pas l’époque.
Louis quelque chose, sans doute. Il n’avait jamais été très fortiche en antiquités. Mercier, son ancien patron, le traînait pourtant souvent au marché Biron des Puces de Saint-Ouen.
— Mon nom est Nouri. On m’a conseillé de vous consulter. Il paraît que vous étiez à la tête d’un groupe à la brigade criminelle avant de raccrocher. C’est un excellent CV pour un privé.
Le détective ne dit rien. Inutile. L’homme commençait à dévider le fil de son histoire, sans s’interrompre, sans s’embrouiller. Son élocution était fluide, limpide, de quoi rendre pâle de jalousie les faiseurs de discours de tout poil.
Victor Chaufilar l’écoutait avec une attention soutenue, griffonnait quelques notes sur un bloc en papier vélin. Il le dévisagea longuement pour tenter de percer sa carapace. Il hésitait sur son âge. La cinquantaine bien sonnée ? Une dizaine d’années de plus ? De profondes rides barraient son front et encadraient sa glabelle. Ses tempes veinées de gris blanc lui donnaient la patine d’un vieux meuble cérusé. Il s’exprimait avec l’aisance d’un intellectuel, choisissait ses mots. Quel métier pouvait-il exercer ? Médecin ? Écrivain ? Enseignant ou pharmacien ? Depuis qu’il avait quitté le 36 pour s’installer à son compte, l’ancien commandant du Bastion raffolait de ce petit jeu du « qui fait quoi » auquel il s’adonnait à chaque nouveau client. Il tombait souvent juste, mais aujourd’hui il séchait. Il avançait l’idée d’une profession et aussitôt se rétractait. Il fallait dire que le type face à lui ne livrait que peu d’indices sur sa trajectoire de vie.
— Voilà, monsieur le détective. Êtes-vous d’accord pour accepter cette mission ? "